Santé et sentiment de vieillir font la différence
Le troisième âge n’est pas un troisième sexe. Catherine Grangeard
MIS EN AVANT
Lorsque Simone de Beauvoir met en pièce les lieux communs, elle va jusqu’au bout et travaille la vieillesse en vieillissant elle-même. Pour commencer, elle distingue la situation respective des femmes et des hommes. Alors que les femmes sont les plus nombreuses, le discours sur les vieillards renvoie aux hommes. Le terme « vieillarde » est rarement employé. Le terme n’est pas générique, quand on dit « beaux vieillards », on imagine uniquement des messieurs.
La vieillesse ne commence pas au même âge pour tous. La santé est un facteur essentiel. La faiblesse du corps ramène à une réalité alors que le sentiment de soi peut l’ignorer.
Que suis-je devenue aux yeux des autres ? Chacun se voit de l’intérieur. Moins on apparaît dans les yeux de l’autre et plus un écart se creuse. Je me souviens d’une réunion féministe où une patiente s’était sentie en total décalage, très isolée. Toutes les filles présentes avaient l’âge de la sienne. Gentiment traitée ou pas, mais toujours « autre », elle ne faisait pas partie du groupe. Elles la regardaient comme la mère qu’elle représentait pour elles toutes. Quand on ne se sent pas celle qui est vue de l’extérieur, quand un décalage important s’immisce, un vertige survient. Cette sensation est plus ou moins déstabilisante.
Simone de Beauvoir parlait d’incrédulité lors de ces expériences indépassables entre la permanence de soi et la métamorphose des rapports avec les autres. Quand soudain, tout le monde est plus jeune, une oscillation du sentiment d’être soi surgit et met plus que mal à l’aise.
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extrait de mon livre présenté sur le site : ehpaddect | L'âge, la vie
