Parler politique sur le divan


 

Dans quelques semaines les élections européennes ! Est-ce la raison qui domine lors d'un choix de vote ? Est-ce que les électeurs réfléchissent en comparant des programmes, en étudiant des éléments objectifs ?

POINT DE VUE. « Besoin de réalisme optimiste »

L'espoir est-il un meilleur moteur que la peur ?

Extrait : Ouest-France  .Publié le 

« Besoin de réalisme optimiste »

Pour la psychanalyste Catherine Grangeard, notre vie politique actuelle souffre de « bipolarité », elle alterne phases d’excitations et d’accablement. Mais nous ne sommes plus des enfants, et nous devrions nous méfier de ceux qui ne font qu’agiter peurs et simplismes.


« Maniaco-dépressif ». Le trait d’union est essentiel. 

Tant pour l’individu que pour la société qui, ne l’oublions pas, est constituée d’individus et est donc régie par les affects qui les touchent, le passage de l’excitation à la phase dépression est régulier. Le problème c’est une intensité ingérable. Dans le couple d’opposés amour-haine, pour retrouver son confort psychique, l’individu sépare les mauvais objets sur lesquels il projette ce dont il veut se débarrasser, ce qui l’angoisse par exemple. C’est la fonction du bouc-émissaire dans les groupes.

La bipolarité caractérise la vie politique actuellement. Elle attise les sentiments extrêmes et les positions dans les discours. Tout est simplifié, c’est bon ou méchant. Les nuances seraient dangereuses. Quand l’individu est en manque de repères, la recherche d’un leader à suivre délivre du poids des questionnements. Plus ce leader va dénoncer, moins il propose pour ne pas compliquer la charge mentale. Il faut s’en remettre à lui. Lui faire confiance…

L’intellectuel est moqué puisqu’il fait réfléchir. Le mot « élite » est pratique, c’est un mot-valise, un slogan. Inutile de le définir ! On hurle avec les loups, ça rassure de montrer du doigt l’ennemi à abattre. Mais transformer une élection complexe en référendum n’est pas compliqué, c’est le signe que l’on abdique sur le projet puisqu’il suffit de se répéter. Pas d’arguments, juste un refrain. Et faire monter la panique… Exciter les passions permet de voiler la réflexion.

Nous, psy de toutes obédiences en savons quelque chose, pour envenimer une situation il ne faut surtout pas prendre de recul ! Alors, acceptons-nous le chaos ? Voulons-nous nous précipiter dans le vide ? Ce n’est pas parce que l’on n’a pas encore essayé que ça devient une bonne chose ! Nous, citoyens éclairés, sommes légitimes pour lancer l’alerte.

Qui a dit que la vie serait facile ?

Le trait d’union est la solution. Articuler les sentiments d’euphorie et de chute de moral permet de modérer les affects. Qui a dit que la vie serait facile ? Pourquoi le confort serait-il éternel ? Ou la paix ? On a déjà essayé d’enlever le trait d’union et de dresser les uns contre les autres. Toutes les guerres en témoignent. Tous les massacres en résultent.

Les enfants que nous avons été ont grandi. Nous savons que la simplicité du raisonnement n’en fait pas un bon raisonnement. Nous avons le droit d’avoir peur et de chercher des consolations. Nous devons mesurer les risques de croire aux promesses. Le déni mène au clivage et s’aveugler dans les périodes les plus difficiles ne saurait ouvrir sur des jours meilleurs. Pour faire coexister en soi comme dans la société ce que l’on aime et ce que l’on souhaite améliorer, nous avons besoin d’un réalisme optimiste. (...)

Parler politique sur le divan Parler politique sur le divan Reviewed by grangeard on mai 29, 2024 Rating: 5

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