Confinement J 19 , les blagues en disent long... y compris sur l'auto-déconfinement


CONFINEMENT : J 19

Préserver notre santé mentale


Blaguez, blaguez, il en restera toujours quelque chose !

En ces temps de confinement, avec qui partage-t-on le plus les bonnes blagues ?
Quand elles sont salaces, c’est entre copines quand on est des femmes et entre copains pour les hommes et pour les deux sexes entre amants.
Pourquoi ? Comment fonctionne l’humour ?
L’humour et les mots d’esprit traduisent quelque chose de l’inconscient, que d’ordinaire on maîtrise. Laisser entrevoir ce que l’on tient caché exige une certaine proximité. La force des liens réels s’y manifeste. Eclater de rire révèle tout de suite si on se comprend, ou pas. Un grand test grandeur nature se déroule au travers de ces blagues au cours du confinement. Rire ensemble pourrait être une définition de l’amour. L’amitié étant de l’amour comme chacun sait.
Les blagues sont des substituts sexuels. Le pouvoir de l’imagination excite sexuellement la personne à qui on s’adresse, c’est un plaisir qui se partage. L’origine pulsionnelle du langage se retrouve aux commandes dans l’humour. Le transfert sur la parole permet de faire passer des messages et de rapprocher. Les plaisanteries vont puiser à une source devenue inaccessible et franchissent la censure et le refoulement. L’usage social des blagues a fait ses preuves durant ce confinement, c’est un dérivatif largement utilisé. Cette sublimation est une excellente soupape de sécurité.
Mieux vaut raconter ses envies de trucider le partenaire ou les enfants que le faire, ça défoule et laisse sortir un peu de la violence emmagasinée.
Car le confinement, aussi nécessaire soit-il pour éviter les contaminations, exacerbe les tensions que la vie agitée ordinaire contient.

Auto-déconfinement


On hume un vent de ras le bol. Dans certains quartiers, de plus en plus de gens sont dans les rues, ils ont en marre. Plusieurs raisons sont avancées à ces sorties en dehors des clous.
Un sentiment flou en tout premier lieu est exprimé. Si on avait des masques et des tests, le problème serait réglé. Tout comme pour la tuberculose avant le vaccin, des sanatoriums accueilleraient les personnes contaminées et protègeraient le reste de la population tout en permettant d’éviter des conséquences humaines et économiques dramatiques qui se profilent. Tout le monde veut se faire tester !
Certains énoncent des arguments politiques et voient un risque de sacrifice de la démocratie.
Avec des mots très forts, ils parlent d’état d’urgence contre les libertés.
Le gouvernement se retranche derrière les experts. Or les choix sont politiques. Qui plus est le choix des experts n’est pas neutre. Il n’y a pas consensus. Si les hôpitaux sont surchargés, c’est aussi parce que la politique des dernières années a fermé des lits. Tout cet ordre d’explications entraîne que certains auto-déconfinés refusent de porter le chapeau d’une irresponsabilité qu’ils récusent.
Tout le monde n’est pas salarié, bénéficiant d’un salaire, même partiel. Si le remède du confinement est pire que le mal qui s’ensuit, si le besoin d’argent est urgent, l’injustice se dit haut et fort. Des millions de personnes continuent par ailleurs de travailler dans certains secteurs.
En campagne, à la montagne, au bord de la mer, l’espace est là. Les décisions de responsables urbains viennent rencontrer la fracture que les Gilets Jaunes ont socialement déjà révélée. Sortir dans la nature en respectant les distances de sécurité et faisant attention à ne pas toucher des objets et surfaces n’est pas illusoire et le choix devrait être de la responsabilité de chacun, disent d’autres auto-déconfinés partiels.
Certains ne supportent plus. Les blagues sont épuisées, elles ne suffisent plus.
Des drames se déroulent à l’intérieur des murs ou vont se dérouler. Sortir devient alors une mesure de salubrité publique. Le confinement a été catastrophique pour diverses raisons, plus souvent qu’on ne veut bien le croire. Il ne suffit plus de dire que selon où vous vous confinez, c’est gérable ou pas, quand ça devient ingérable.
Bref, beaucoup en ont marre de se faire engueuler !
L’auto-déconfinement a-t-il été anticipé ?
Si on faisait attention aux blagues et à ce qu’elles trahissent il est clair que c’était prévisible.
Vivre est dangereux.
A part punir, quelles réponses sont envisageables ? Peut-on se plaindre de citoyens irresponsables et ne pas chercher à s’appuyer sur toutes les facettes de leurs capacités à produire le meilleur d’eux-mêmes ?
Le déconfinement doit absolument intégrer ces données psychiques. Gouverner des êtres humains et oublier qu’ils sont humains est une erreur, voire une faute.

A demain…
 Sur la santé revenue
Sur le risque disparu
Sur l’espoir sans souvenir
J’écris ton nom
Et par le pouvoir d’un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer
Liberté.
Paul Eluard  Poésie et vérité 1942 (recueil clandestin)


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